Qu’est ce la peinture pour moi
Pourquoi je peins? Tout d’abord, je dois avouer avoir eu beaucoup plus de chance que d’autres, car suis née dans une famille d’artistes, et grandie en regardant les peintures de mon père; un véritable intellectuel appréciant la peinture chinoise. J’ai donc pu découvrir et comprendre les oeuvres de Shitao et de Nizan, dont j’avais eu connaissance. Depuis la crèche, mon père m’a emmenée regarder des expositions, acheter son matériel au magasin d’art, et emprunter les bouquins de la théorie de la peinture à la bibliothèque, et enfin, suivre des réunions d’artistes de l’association locale, à laquelle il était affilié. La chose la plus importante durant mon enfance, c’est que j’ai compris auprès de lui, quelles bonnes habitudes, et quelle qualité devait adopter un peintre durant sa vie professionnelle.
Avec toutes ces expériences, il apparaît que je devais nécessairement et spontanément pratiquer la peinture un jour. En revanche, je n’avais pas d’appétences particulières pour la peinture à cette époque. Ce fut la décision de mon père qui changea complètement l’orientation de ma vie, puisque j’avais déjà démontré un potentiel et un certain talent pour le chant, ce qui m’avait valu beaucoup d’applaudissements sinon d’admiration.
Après une orientation forcée, mon apprentissage de la peinture commença. J’étais donc appelée à pratiquer la peinture chinoise dès l’âge de neuf ans, et suivre parallèlement une formation réservée aux jeunes, afin de dessiner des objets géométriques ainsi que des statues en plâtre (tel Voltaire). Petit à petit, après deux années d’études, j’étais devenue la meilleure élève pour les professeurs. Comme cela ne me satisfaisait plus de continuer à être la meilleure dans cette classe, et étant la plus jeune élève, j’ai suivi une formation préparatoire à l’université et pour l’Ecole des Beaux-Arts, à l’âge de treize ans, avec deux enseignants. Ce fut une expérience mémorable dans ma vie, car l’administration de l’école préparatoire avait refusé mon inscription à mes parents, du fait de mon jeune âge. Mais après avoir vu mes dessins et peintures, ils changèrent finalement de décision. J’ai donc pu bénéficier des solides cours de dessins, croquis, et peintures acryliques. Cela avec des jeunes âgés au moins de huit ans plus que moi, et qui étaient là pour intégrer l’ université. En travaillant et discutant avec eux, j’ai fait énormément de progrès, non seulement sur le plan pratique, mais aussi sur la compréhension de l’art. J’étais devenue également, la meilleure élève pour le professeur.
Grâce à ces apprentissages reçus durant l’enfance et l’adolescence, j’ai donc pu élaborer, dans un même temps, une perception sensible et fantastique vis à vis de la peinture chinoise, ainsi que l’observation scientifique pratiquée dans la perspective dessinée en Occident. Ces expériences sont si précieuses, qu’elles se synthétisent dans ma propre approche et ont installé une base très importante pour aujourd’hui et pour l’avenir. Lorsque je fus admise à L’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Tianjin en 2006, j’ai choisi avec détermination, la peinture à l’huile comme spécialité. Et c’est là, que j’ai découvert la relation entre l’image et l’écriture, que je poursuis encore aujourd’hui. Enfin c’est à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, qu’après avoir rencontré mon professeur, Jean Michel Alberola, j’ai approfondi et développé la recherche de “écriture et image ”.
Durant ces dernières dix-huit années, la signification de la peinture pour moi, changea continuellement. C’était certes la conséquence de la volonté paternelle. Mais la peinture me gagnait beaucoup d’admirations, et émergeait plus d’évidences talentueuses que dans le chant. Elle m’apportait un succès inattendu, il suffisait que j’y mette un peu d’effort. Avec le temps, je me suis rendu compte de la nécessité d’un engagement et d’une évolution permanente dans le cours de la vie. En réalité, c’était la décision de mon père, qui m’avait indiqué quelle était l’orientation la plus avantageuse pour moi. Car c’est avec celui ci que je n’ai perdu aucun moment à chercher : “ qui je suis ou ce que je veux ”. J’ai donc pu reconstituer, pour vous lecteur, ma propre histoire avec la peinture en remontant jusqu’à l’enfance. Sans doute, la peinture est devenue une partie indispensable dans ma vie. C’est dorénavant une manière d’être et de vivre.